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Jalil Arfaoui 2023-02-23 20:39:12 +01:00
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**La lutte contre larticle 49 de la loi « Confortant les principes de la République » nest pas terminée. Désormais soumise à un régime dautorisation injuste, arbitraire et liberticide, linstruction en famille est menacée de disparition à courte échéance. Nous appelons toutes les familles en instruction en famille (IEF) et scolarisantes à poursuivre la mobilisation pour rétablir cette liberté fondamentale et indispensable !**
**La lutte contre l[article 49](/droit/) de la loi « Confortant les principes de la République » nest pas terminée. Désormais soumise à un régime dautorisation injuste, arbitraire et liberticide, linstruction en famille est menacée de disparition à courte échéance. Nous appelons toutes les familles en instruction en famille (IEF) et scolarisantes à poursuivre la mobilisation pour rétablir cette liberté fondamentale et indispensable !**
Dès le 1er mars 2023 va souvrir la nouvelle campagne de demandes dautorisation pour celles et ceux voulant poursuivre ou débuter la belle aventure de linstruction en famille. Dès aujourdhui, de nombreux parents commencent à rassembler les innombrables justificatifs exigés par les autorités, et, pour ceux relevant du fameux motif 4 (« situation propre à lenfant motivant le projet éducatif »), à plancher sur leur projet éducatif.
@ -56,11 +56,11 @@ Pourtant, nous, associations et collectifs, nationaux et locaux, **considérons
Opérons un petit retour en arrière pour comprendre comment **la mort programmée de linstruction en famille en dehors de certains cas médicaux dûment justifiés a déjà été actée par le gouvernement**.
### Début dété 2022 :
**La première saison du nouveau régime dautorisation pour linstruction en famille souvre de manière dramatique pour dinnombrables familles**. Si le gouvernement et les rectorats affichent dans la presse des taux dacceptation importants (85% à léchelle nationale selon le patron de la DGESCO), ces chiffres dissimulent une réalité bien plus sombre : les dossiers acceptés sont pour lessentiel ceux dits de « plein droit », autrement dit ceux concernant des enfants étant déjà en IEF et bénéficiant dune dérogation, que les Directions départementales de lÉducation Nationale (DSDEN) ne peuvent donc légalement pas refuser. Rappelons cependant que ces autorisations de « plein droit » prendront fin à la rentrée 2024.
**La première saison du nouveau régime dautorisation pour linstruction en famille souvre de manière dramatique pour dinnombrables familles**. Si le gouvernement et les rectorats affichent dans la presse des taux dacceptation importants (85% à léchelle nationale [selon le patron de la DGESCO](https://youtu.be/4aBvGBOj_ts){target="_blank"}), ces chiffres dissimulent une réalité bien plus sombre : les dossiers acceptés sont pour lessentiel ceux dits de « plein droit », autrement dit ceux concernant des enfants étant déjà en IEF et bénéficiant dune dérogation, que les Directions départementales de lÉducation Nationale (DSDEN) ne peuvent donc légalement pas refuser. Rappelons cependant que ces autorisations de « plein droit » prendront fin à la rentrée 2024.
En revanche, pour les nouvelles demandes, **les disparités de traitement entre les départements et entre les académies sont ubuesques**. Ici, les dossiers sont acceptés en nombre… Là, des dossiers similaires sont refusés en masse. Le ministre de lÉducation Nationale lui-même sen est ému, et évoque une nécessaire harmonisation… Mais pour lheure, rien na changé.
**À certains endroits comme dans lacadémie de Toulouse le taux de refus dépasse 90% pour les nouvelles demandes** (et même 100% dans le Tarn pour les demandes « motif 4 » de laveu même de la directrice académique). Dans certaines familles, les fratries se retrouvent ainsi divisées, avec un ou plusieurs enfants déjà en IEF bénéficiant dune autorisation de plein droit, et un nouvel arrivant forcé daller à lécole. Avec pour seule justification quelques lignes laconiques dans un courrier de refus. À ce stade, on se demande déjà comment est évalué lintérêt supérieur de lenfant…
**À certains endroits comme dans lacadémie de Toulouse [le taux de refus dépasse 90% pour les nouvelles demandes](https://www.ladepeche.fr/2022/09/07/ecole-a-la-maison-soixante-quinze-recours-ont-ete-examines-au-tribunal-administratif-de-toulouse-10529009.php){target="_blank"}** (et même 100% dans le Tarn pour les demandes « motif 4 » [de laveu même de la directrice académique](/comptes-rendus/2022-10-05-dsden-tarn/)). Dans certaines familles, les fratries se retrouvent ainsi divisées, avec un ou plusieurs enfants déjà en IEF bénéficiant dune autorisation de plein droit, et un nouvel arrivant forcé daller à lécole. Avec pour seule justification quelques lignes laconiques dans un courrier de refus. À ce stade, on se demande déjà comment est évalué lintérêt supérieur de lenfant…
### Août/septembre 2022 :
**Après les recours dusage auprès des rectorats (bien souvent infructueux), les familles se tournent massivement vers les tribunaux administratifs**. Les audiences en référé suspension senchaînent, et la loterie judiciaire succède à la loterie administrative : selon les juges, les réponses divergent considérablement sans quaucune tendance puisse réellement être dégagée.
@ -73,22 +73,22 @@ En revanche, pour les nouvelles demandes, **les disparités de traitement entre
Dautres décisions de fond sont attendues dans les semaines et mois qui viennent… Mais les pronostics ne sont pas en faveur des familles IEF.
### 13 décembre 2022 :
**Le Conseil dÉtat dépossède les familles dune partie de leurs droits parentaux par une décision radicale**. Quelques mois plus tôt, plusieurs associations de défense de lIEF ont attaqué les décrets du 15 février 2022 réglementant linstruction en famille en réclamant leur annulation. En rendant sa décision, le Conseil dÉtat sest prononcé sur le fameux motif 4, à lorigine de la majorité des litiges avec ladministration. Résultat : il déclare que « lautorité administrative, saisie [dune demande pour motif 4], contrôle que cette demande expose de manière étayée la situation propre à cet enfant, motivant, dans son intérêt, le projet dinstruction dans la famille et quil est justifié ». En dautres termes, le Conseil dÉtat exige que les familles justifient de la situation propre de leur(s) enfant(s).
**Le Conseil dÉtat dépossède les familles dune partie de leurs droits parentaux par [une décision radicale](https://www.conseil-etat.fr/fr/arianeweb/CE/decision/2022-12-13/462274){target="_blank"}**. Quelques mois plus tôt, plusieurs associations de défense de lIEF ont attaqué les décrets du 15 février 2022 réglementant linstruction en famille en réclamant leur annulation. En rendant sa décision, le Conseil dÉtat sest prononcé sur le fameux motif 4, à lorigine de la majorité des litiges avec ladministration. Résultat : il déclare que « lautorité administrative, saisie [dune demande pour motif 4], contrôle que cette demande expose de manière étayée la situation propre à cet enfant, motivant, dans son intérêt, le projet dinstruction dans la famille et quil est justifié ». En dautres termes, le Conseil dÉtat exige que les familles justifient de la situation propre de leur(s) enfant(s).
Pire encore : ce que le gouvernement na pas réussi à obtenir, ni par la loi ni par les décrets dapplication, le Conseil dÉtat essaie de lui fournir par une interprétation législative glissée aux juges des tribunaux administratifs. Dans le préambule de sa décision entérinant les décrets, le juge a en effet glissé **une nouvelle condition extra-légale pour le motif 4** : en plus de présenter une situation propre à lenfant motivant le projet éducatif, en plus de sassurer que le projet éducatif soit conforme au socle commun de connaissances, de compétences et de culture, et que le parent atteste de sa capacité à instruire son enfant, le Conseil dÉtat déclare quil appartient à lautorité administrative « de rechercher, au vu de la situation de cet enfant, quels sont les avantages et les inconvénients pour lui de son instruction, dune part dans un établissement ou école denseignement, dautre part, dans la famille selon les modalités exposées par la demande et, à lissue de cet examen, de retenir la forme dinstruction la plus conforme à son intérêt. ».
Les hauts fonctionnaires de ladministration insinuent ainsi que lÉtat est plus compétent que les parents pour définir la forme dinstruction la plus conforme à lintérêt supérieur de chaque enfant… En introduisant une telle compétition entre les établissements scolaires et les parents, **il prive littéralement ces derniers de leur autorité parentale en matière déducation et ouvre la porte à encore davantage darbitraire administratif**. Quant au droit fondamental des enfants dêtre entendus pour les décisions les concernant directement, il est tout simplement nié.
### 17 décembre 2022 :
**Le rouleau compresseur de lÉtat ne sarrête pas là**. À Rennes, plusieurs familles ayant eu gain de cause devant le tribunal administratif apprennent que le ministère de lÉducation Nationale fait appel des décisions devant le Conseil dÉtat. Le 13 décembre, le Conseil dÉtat avait déjà annulé une décision du Tribunal Administratif de Toulouse en faveur dune famille… Un tel acharnement dépasse lentendement…
**Le rouleau compresseur de lÉtat ne sarrête pas là**. À Rennes, plusieurs familles ayant eu gain de cause devant le tribunal administratif apprennent que [le ministère de lÉducation Nationale fait appel des décisions devant le Conseil dÉtat](https://twitter.com/LN_Avocat/status/1605149643431616512){target="_blank"}. Le 13 décembre, le Conseil dÉtat avait déjà [annulé une décision du Tribunal Administratif de Toulouse](https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/justice-le-conseil-d-etat-donne-raison-au-rectorat-de-toulouse-apres-un-refus-de-scolarisation-a-domicile-2682264.html){target="_blank"} en faveur dune famille… Un tel acharnement dépasse lentendement…
En ce début dannée 2023, nous devons nous rendre à lévidence : **le gouvernement veut en finir avec linstruction en famille sous des prétextes fallacieux.**
Pourtant, rappelons ici les mots rassurants de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de lÉducation Nationale, qui sexprimait le 6 avril 2021 devant le Sénat :
Pourtant, rappelons ici les mots rassurants de Jean-Michel Blanquer, alors ministre de lÉducation Nationale, qui sexprimait [le 6 avril 2021 devant le Sénat](https://www.senat.fr/seances/s202104/s20210406/s20210406002.html){target="_blank"} :
**« Nous sommes très respectueux des familles qui ont choisi linstruction en famille pour de bonnes raisons. Elles nont rien à craindre de la future loi, et il est dommage de dépenser de lénergie contre un texte qui ne fera pas de tort à ceux qui nont aucune raison de le craindre. »**
Mais aujourdhui, ces belles paroles de notre ancien ministre, comme toutes les autres, se sont envolées depuis longtemps. Les rectorats, aux ordres du Ministre de lÉducation Nationale, ne feront pas de cadeaux aux familles cette année.
Mais aujourdhui, ces belles paroles de notre ancien ministre, [comme toutes les autres](/belles-paroles/), se sont envolées depuis longtemps. Les rectorats, aux ordres du Ministre de lÉducation Nationale, ne feront pas de cadeaux aux familles cette année.
Face à cette grave dérive liberticide, les parents sont poussés à des choix extrêmes. Scolariser leur(s) enfant(s) contre leur gré, entrer en désobéissance civile, quitter le pays, tenter de passer sous les radars… Un comble pour une loi censée contribuer à la lutte contre le séparatisme !